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Les cosméceutiques : Un débat sur l’éducation du publicIntroductionUn panel sur les cosméceutiques a eu lieu lors de la réunion de 2008 du Dermatology Update tenu du 10 au 12 avril à Whistler, Colombie-Britannique. Les invités étaient quatre dermatologues qui discutaient sur les cosméceutiques et le rôle qu’ils jouent en traitement d’appoint et dans les régimes efficaces de soins cutanés dans la pratique actuelle de la dermatologie. Les panélistes : Jeffrey Dover, M. D., Charles Lynde, M. D., Catherine Zip, M. D. et Jason Rivers, M. D.Ils ont ouvert la discussion en soulignant le fait que, chaque jour, leurs patients leur demandaient des recommandations sur des produits de soins cutanés. Afin d’être en mesure de mieux répondre aux questions des consommateurs et de leur fournir une information pratique, les professionnels de la médecine devraient obtenir une connaissance fondamentale des ingrédients actifs que l’on retrouve dans les divers produits disponibles. Les panélistes ont suggéré que le rôle des professionnels de la santé peut être double : fournir aux consommateurs une information élémentaire basée sur l’évidence quant à la science des divers agents actifs et faire des recommandations d’ordre général selon le type de peau du patient et ses antécédents médicaux personnels. À leur avis les dermatologues, grâce à leurs connaissances globales de la peau, des pratiques de fabrication des médicaments, de la pharmacodynamique et de la pharmacokinétique, sont dans une position unique d’influence des comportements des patients et ils doivent en conséquence adopter une approche complète, renseignée et impartiale. Bien qu’ils soient d’accord sur le fait que leur code de déontologie ne leur permette pas de faire de la publicité pour des produits spécifiques, les membres du panel ont affirmé qu’en général les patients recherchent activement leurs recommandations et ils font souvent des suggestions sur chaque classe de produits de soins cutanés. Ils se sont entendus sur le fait que le point central de leurs recommandations devrait être de fournir une éducation sur le bien-fondé d’incorporer des cosméceutiques dans les régimes de soins cutanés existants. L’approbation du médecinL’expression « recommandé par des dermatologues » est souvent placée sur les étiquettes des produits et à toute fin pratique, le message ainsi véhiculé est qu’un comité d’experts à évalué l’efficacité du produit et confirmé ses affirmations*. Tous les panélistes étaient d’accord sur la nécessité de posséder une évidence d’efficacité et non pas seulement les déclarations extravagantes si souvent faites.Les besoins du consommateurLes besoins personnels du consommateur et ses préférences peuvent grandement aider à donner la bonne information et à cibler les types de produits qui peuvent l’intéresser. Les comportements d’achat du consommateur sont complexes et dirigés par des informations glanées à de multiples sources mais ils sont aussi guidés par des facteurs comme l’efficacité du produit, l’emballage et l’acceptabilité cosmétique; par exemple, l’observance du patient peut être influencée par l’odeur, le toucher, etc., du produit. Il est indispensable de conseiller les patients sur les effets secondaires possibles ainsi que sur les facteurs atténuants étant donné que certains agents actifs comme les rétinoïdes, les médicaments antiacnéiques, les agents botaniques, etc., peuvent provoquer des réactions sensibilisantes.Ces dermatologues recommandent pour le photovieillissement un régime de soins cutanés largement accepté qui consiste en l’application matinale d’un écran solaire et par l’usage au coucher d’une prescription de rétinoïdes, si la tolérance aux rétinoïdes ne pose pas de problème. Cependant, il est important de noter que ce programme de base ne peut pas s’étendre de façon indiscriminée à toutes les couches de la population. Les conseils doivent être personnalisés. Les hydratantsL’évidence scientifique reproductible a démontré que les hydratants produisent des bienfaits thérapeutiques et cosmétiques. La plupart agissent en améliorant la fonction barrière avec des lipides et des huiles en diminuant la perte de l’eau transépidermale plutôt qu’en introduisant de l’humidité dans la peau. Les humectants comme l’urée et l’acide lactique ont une certaine capacité d’attirer l’eau du derme et de l’environnement externe. L’efficacité des hydratants est principalement due à leur capacité de sceller temporairement l’épiderme et de rompre le cycle de la peau sèche.Les écrans solaires et la carence en vitamine DDernièrement, les médias et la littérature médicale ont beaucoup parlé de la carence en vitamine D. Les patients expriment donc une inquiétude face à l’usage des écrans solaires qui pourraient les exposer à une carence en vitamine D. De nombreux patients se tournent vers leur médecin pour vérifier le bien fondé cette pseudo controverse. L’évidence permettant de soutenir l’hypothèse que les écrans solaires modifient les taux de vitamine D est très faible. L’opinion générale de la communauté scientifique est que l’on peut obtenir suffisamment de vitamine D des sources naturelles, soit l’alimentation et une exposition modérée au soleil. Comme ce débat ne sera apparemment pas résolu d’ici longtemps, les panélistes recommandent de continuer l’usage régulier d’un écran solaire à spectre large avec un facteur de protection solaire FPS 30 au minimum tout en prenant un supplément oral de vitamine D de 800 à 1000 unités internationales par jour.La FDA américaine est présentement en train de modifier sa monographie des écrans solaires et de nouvelles directives sont prévues d’ici deux à trois ans. Le système de classement actuel de l’indice de protection solaire (IP) ne s’applique qu’aux UVB. Les changements incluent une méthodologie supplémentaire qui détermine le facteur de protection UVA d’un écran solaire au moyen d’un système d’évaluation à quatre étoiles. Sensibilité de contactLes panélistes ont tous convenu que des sensibilités de contact survenaient avec les cosmétiques et les cosméceutiques. Par contre, celles-ci sont rarement rapportées au médecin surtout si elles sont légères. Les agents botaniques figurent parmi les allergènes de contact les plus puissants. Cependant cela est mal perçu et l’on pense généralement que parce que ces additifs cosmétiques sont naturels ou extraits de plantes, ils ne présentent qu’un risque faible ou même inexistant de causer des sensibilités cutanées. Les parfums sont aussi une source courante d’allergènes de contact. Le système actuel de l’étiquetage des ingrédients représente une source additionnelle de confusion lorsque les consommateurs essaient d’identifier ou d’éviter certains ingrédients. Par exemple, un produit peut déclarer être sans agent de conservation alors que l’étiquette peut en dissimuler un sous un parfum, celui-ci étant en réalité un agent de conservation avec parfum ajouté.Les initiatives de l’industrieTous les panélistes ont été unanimes pour affirmer que le coût d’un quelconque cosméceutique n’est pas nécessairement le reflet de son efficacité ou de sa qualité. De plus en plus, les grands fabricants de cosméceutiques font un effort visible pour réaliser des études cliniques. Les données recueillies se retrouvent fréquemment dans les forums médicaux sous forme d’expositions sur affiche et elles sont présentées à des symposiums ou forums éducatifs commandités par l’industrie. Ces efforts pour susciter la confiance du consommateur sont un premier pas dans la bonne direction et ils formeront peut-être la base d’une représentation de produits plus fidèles.Éducation et informationLa plupart des compagnies de cosméceutiques profitant d’une bonne réputation rendent volontiers disponibles les données scientifiques à l’origine de leurs formulations. Cependant les panélistes ont insisté pour que les cliniciens tiennent compte du fait que, pour de nombreux cosméceutiques, une grande partie des données scientifiques utilisées pour étayer leurs affirmations sont basées sur des études in vitro, et si des études humaines sont faites, fréquemment la formulation finale du produit n’a pas été testée sur des humains. L’internet offre une mine d’or d’information mais les panélistes ont averti que les cliniciens doivent savoir qu’une grande partie de ce contenu est basé sur des conjectures et des déductions et qu’ils doivent porter une attention particulière aux sources de l’information ou des données qui soutiennent le contenu. Le panel a mentionné que l’on rencontre couramment des fabricants de cosméceutiques sérieux qui présentent leurs recherches aux réunions scientifiques. Ces occasions sont d’utiles opportunités de juger de la qualité des données utilisées pour soutenir les affirmations au sujet du produit. Le panel a encouragé les professionnels de la santé de profiter de ces occasions. Les réactions des participants suggèrent qu’il existe un réel besoin pour plus de ces formes d’éducation sur les traitements d’appoint.Étant donné la multiplicité des sources d’information, les panélistes ont conclu en se mettant d’accord sur la nécessité d’avoir une approche curieuse et judicieuse alors qu’ils évaluent l’information disponible sur les cosméceutiques. Les professionnels de la santé ont besoin de rechercher activement et d'évaluer sérieusement l’information, qui circule, par exemple, à travers des études cliniques in vitro et in vivo bien conçues. Ces efforts éducatifs contribueront, on l’espère, à une juste diffusion de l’information par les professionnels de la santé et à des prises de décisions éclairées de la part des consommateurs.
* Note du rédacteur: Pour soulager la confusion du consommateur au sujet des produits cosméceutiques, Skin Care Guide a formé un nouveau processus de révision professionnelle pour les produits de soins cutanés en vente libre dans le but de fournir des révisions professionnelles des déclarations des produits de soins cutanés. Le but global est double : Premièrement, le Comité de révision en dermatologie (CRD) aide les consommateurs et les professionnels médicaux à facilement identifier les produits de soins de la peau en vente libre qui satisfont aux normes de recommandation indépendantes par rapport aux déclarations des produits; et deuxièmement, le CRD encourage les fabricants à faire plus de recherche clinique. Pour plus de renseignements, visitez
dermatologyreviewpanel.ca.
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